dimanche 22 avril 2018

Refuge 3/9 d'Anna Starobinets

Refuge 3/9

Editions pocket (2018)
512 pages


Résumé : Marie est une jeune photographe russe en reportage à Paris. Oppressée par une sensation de malaise provoquée par des cauchemars et des trous de mémoire inexplicables, elle décide de rentrer en Russie, malgré les mises en garde d’un collègue : il se préparerait des événements préoccupants à Moscou.
Yasha, petit garçon victime d’un traumatisme crânien après une chute dans un parc d’attraction moscovite, se retrouve admis dans un étrange hôpital peuplé de créatures inquiétantes tout droit sorties du folklore russe…




Chronique

Refuge 3/9 est un livre assez étrange, qui mélange le folklore russe et une réalité âpre, grâce à une plume à la fois incisive et poétique.

Le livre est découpé en quatre grandes parties, elles-mêmes divisées en chapitres avec le point de vue d’un personnage pour chacun. Dans « le voyage », nous suivons les pérégrinations de Marie, journaliste-photographe russe partie sur Paris pour un salon et qui tente de rentrer dans son pays, mais sa mémoire, et bientôt même son corps, lui jouent des tours. En parallèle, nous découvrons l’histoire du Garçon, qui va voir sa vie bouleversée lors d’une sortie à la fête foraine.
Ce résumé vous paraît étrange ? Vous n’avez encore rien lu ! Anna Starobinets nous maintient perpétuellement à la limite du rêve et du réel, à travers une ambiance inquiétante et une plongée dans un univers de plus en plus insolite. Et en arrière-fond, il y a cette menace floue, imprécise, mais omniprésente, de la déliquescence de la Russie et du monde.

J’ai quelque difficulté à exprimer mon ressenti, car ce dernier est très ambivalent. J’ai adoré le début du roman, car il présente des personnages nuancés (pourrait-on même dire défectueux ?) et un regard acéré sur le monde qui ne m’a pas laissée indifférente. J’ai aimé naviguer dans la mémoire morcelée de Marie, m’y perdre et me laisser porter par le décalage, l’étrangeté que cela amène.
J’ai été moins captivée par les parties concernant les créatures de contes. Il était toutefois intéressant de découvrir un imaginaire dont je suis peu familière, bien que ça ait probablement contribué à mon sentiment d’être un peu perdue (ou de ne pas saisir toutes les références).
Vers la fin, il reste cette impression d’un pas très joyeux bordel, avec un défilé de personnages et de scènes absurdes, auxquels il est difficile de trouver un sens.

Ce roman peut être sujet à diverses interprétations, c’est une lecture qui peut s’effectuer à différents niveaux. Aventure fantastique sombre et inquiétante, conte sur la disparition d’un monde, fresque familiale ? Peut-être tout cela à la fois et bien plus encore. Je mentirai si je disais avoir toutes les clés en main. Peut-être est-ce ce qui m’a le plus frustrée : cette impression de passer à côté de quelque chose, de ne pas saisir toute sa portée symbolique. C'est en tout cas un roman qui mérite qu’on se penche dessus et qu’on y accorde un peu d’attention.


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