lundi 12 juin 2017

Nuit Noire de Christophe Siébert

Nuit Noire

Editions : TRASH (2014)
150 pages

Résumé : Nuit Noire est l’histoire d’un type qui aime beaucoup sa mère et découpe des femmes en morceaux, d’un autre type qui se réveille en pleine nuit sur une route de cambrousse et peine un peu à reconstituer les événements, de leur éventuelle rencontre. Il y a là-dedans beaucoup de sang et de viande, quelques larmes, deux ou trois suicides et des tentatives mystiques légèrement foireuses. Nuit Noire est un bouquin d’horreur. Il est difficile d’affirmer, après coup, que tout ça a terminé bien ou mal.

Chronique

C'est un récit vraiment happant. On pourrait croire que la lecture serait difficile, rebutante, et à un certain niveau c'est le cas, pourtant les pages se tournent toutes seules, on ne peut s'empêcher de lire la suite. Ce qui est étrange, c'est que c'est finalement le début qui m'a le plus noué les tripes alors que ce n'est pas forcément le passage le plus gore du livre (il n'en reste pas moins violent). Ce livre est une plongée brutale, sans concession, dans la psyché d'un homme dérangé. Et c'est tellement réussi que les horreurs commises ne m'ont plus parues comme telles : dans son monde, elles sont normales. Et d'une certaine façon, au cours de la lecture, ça le devient aussi. C'est une immersion totale, et à travers son récit d'une violence très crue mais contée d'un ton plutôt neutre, descriptif (contraste intéressant), j'ai été touchée par le personnage. J'y ai perçu de la solitude et de la souffrance.

Il y a aussi la question de l'animalité qui imprègne le récit, avec l'obsession des fluides corporels et de la mort qui s'entremêlent. Ce qui m'a amené à des réflexions sur l'enfance : la plupart des enfants ont ce genre d'attirance qui diminue avec le temps et l'éducation. Mais quand celle-ci est inexistante et même malsaine, cela apparaît comme logique que certaines attirances finissent par devenir obsédantes. L'historique final montre que chacun trouve sa façon d'affronter et vivre avec les horreurs qu'il a subit, généralement en infligeant de la souffrance à son tour. Néanmoins, ce roman n'a pas pour vocation de répondre à l'éternelle question de l'inné et de l'acquis, mais seulement de suivre, partager l'existence d'un homme, à travers sa violence et ses obsessions. C'est un récit horrible, mais aussi touchant à sa façon.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire