lundi 12 juin 2017

Bloodfist de Schweinhund

Bloodfist

Editions : TRASH (2013)
150 pages

Résumé : Bloodfist traite de la notion de confrontation. Il y a des filles faciles-femmes fatales, un gourou de banlieue, des pratiques sexuelles extrêmes, et deux types souffrant - ou pas - d'hallucinations qui traînent dans les caves. Comment tout cela pourrait-il finir autrement qu'en boucherie ?
ExtraitL'homme-seringue s'entrouvre, il a une haleine de poubelle, sa langue est une aiguille qui s'insinue entre mes lèvres... Alors je serre les dents de toutes mes forces, je mords jusqu'à ce que j'entende un hurlement, je serre et serre encore... Il y a du sang dans ma bouche, je mords de plus en plus fort, mes dents tranchent quelques chose de grumeleux que je crache aussitôt dans l'égout.

Chronique

La comparaison va être étrange, mais pourquoi pas ? Après tout, c'est un livre étrange. Ce qui me vient en tête après avoir lu Bloodfist, c'est la théorie de la forme (aussi appelée Gestalt théorie). Ce livre, c'est une sorte d'entité. Chaque détail est important mais il y a une force d'évocation inhérente au livre lui-même qui relève de l'inexplicable, presque de la magie. Des images à la fois belles et dérangeantes se succèdent parfois sans « logique » mais pourtant, elles trouvent leur place juste au sein de ce récit. Celui-ci navigue entre analyse et instinct avec juste la bonne dose pour être embarqué dans ce cauchemar éveillé.
Les parties hallucinations rappellent bien évidemment du Lynch, je pense surtout au passage « théâtre » dans le bar qui m'a fortement évoqué Mulholland Drive. Certaines images sont vraiment très évocatrices (le chien dans l'eau, le passage dans la mer). 
Une autre grande force de ce roman, ce sont les personnages tout en nuances. Il n'y a pas de délimitation manichéenne. Au contraire, il n'y a justement pas de repères. On suit donc ces personnages que nous comprenons sans les comprendre, qui nous sont à la fois proches et éloignés. On est dans les pensées du personnage principal sans que celles-ci ne soient expliquées ou explicitées. Tout est ambigu dans ce roman, jusqu'à notre propre ressenti.
Ce livre est donc un ensemble, qui ne peut être réduit à une succession de détails, de mots, d'idées. Comme une mélodie, sa musique parvient à toucher, à saisir les émotions à un niveau viscéral où le sens n'a plus tellement d'importance. Bloodfist se ressent plus qu'il ne se comprend. 
Certains l'ont très justement qualifié de gore psychanalytique, philosophique... je rajouterai même que c'est un gore musical. Emotionnel.


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