vendredi 12 mai 2017

Cérès et Vesta de Greg Egan

Cérès et Vesta

Editions : Le Bélial (2017, collection "Une Heure-Lumière")
120 pages

RésuméCérès d’un côté, Vesta de l’autre. Deux astéroïdes colonisés par l’homme, deux mondes clos interdépendants qui échangent ce dont l’autre est dépourvu — glace contre roche. Jusqu’à ce que sur Vesta, l’idée d’un apartheid ciblé se répande, relayée par la classe politique. La résistance s’organise afin de défendre les Sivadier, cible d’un ostracisme croissant, mais la situation n’est bientôt plus tenable : les Sivadier fuient Vesta comme ils peuvent et se réfugient sur Cérès. Or les dirigeants de Vesta voient d’un très mauvais œil cet accueil réservé par l’astéroïde voisin à ceux qu’ils considèrent, au mieux, comme des traîtres… Et Vesta de placer alors Cérès face à un choix impossible, une horreur cornélienne qu’il faudra pourtant bien assumer…

Chronique

Cérès et Vesta est mon deuxième "Heure-Lumière", collection qui a immédiatement su me séduire avec ses couvertures magnifiques, ses concepts ambitieux et surtout l’excellent Dragon de Thomas Day. Et si Ceres et Vesta ne m’a pas autant conquise que le fameux susnommé, je reste malgré tout satisfaite de ma lecture et subjuguée par les partis pris ambitieux de ces touts petits livres (petits dans la forme, mais pas dans le fond). En effet, Ceres et Vesta parvient à déployer en peu de pages un univers avec un background consistant qui réunit tout ce que j’aime dans la SF : une approche futuriste (bien sûr), mais pour au final mieux parler de notre époque. En peu de lignes, Greg Egan parvient à nous dessiner un monde très visuel : deux astéroïdes colonisés, où les hommes survivent grâce à la technologie. Cette dernière semble consistante tout en restant abordable pour le lecteur, même s’il peut être compliqué au début de s’y retrouver dans ce mode de vie inconnu. Toutefois, ce n’est pas ce aspect qui prime, mais celui, humain, avec des questions terriblement d’actualité posées tout au long de l’histoire : l’immigration et le rejet social d’une partie de la population. Nous pouvons suivre pas à pas l’évolution d’une population ordinaire vers la ségrégation, en comprenant les mécanismes qui y mènent. J’ai trouvé l’approche pertinente, notamment avec les deux intrigues qui s’imbriquent (la perception extérieure et intérieure de la situation). L’horreur de ce qui se passe est amplifié par l’aspect claustrophobique de l’espace (il n’y a nulle part où fuir, excepté Cérès).
Mon seul bémol serait lié au format, qui est à la fois la force et la faiblesse de cette collection : le récit est très court, et j’ai regretté ne pas pouvoir poursuivre ma découverte de ce monde. D’un autre côté, nous sommes peu habitués en France aux novellas et c’est intéressant d’en proposer.
Un récit ambitieux, donc, peut-être un peu trop pour le format. Toutefois, il demeure bien construit, avec un sens du rythme et du découpage efficace et surtout, c’est un texte qui m’a touchée. Le mélange d’espoir, de peur, de culpabilité, de colère aussi, se fond dans les histoires terriblement humaines qui fondent la ligne directrice de Cérès et Vesta.


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