mercredi 27 avril 2016

Silhouettes de mort sous la lune blanche de Kââ

Silhouettes de mort sous la lune blanche


Edition : pocket (2003)
288 pages

Résumé : Il aime les alcools rares, la musique de chambre et les éditions originales, mais il compte surtout sur son Walther.7,65 et sa Winchester. Maître du hold-up sanglant, tueur pointilleux et expert en balistique, ce samouraï est avant tout un chasseur, condamné à la solitude. Un chasseur devenu gibier et fugitif à la suite d'un casse réussi à Saint-Cloud. Il a abattu un complice. Deux autres sont sur ses traces. Il les attend dans sa ferme isolée des monts Lozère. Ils viendront, silhouettes de mort dans la nuit cévenole. Mais l'intrusion imprévue d'une fille aux yeux verts peut faire basculer le scénario. L'entraînera-t-il dans sa spirale infernale ? Kââ est un maître de la série noire, glaciale, impitoyable. Celle qui, avec un humour féroce, vous entraîne dans la tragédie.



Chronique


Je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais à un polar. Pourtant rien ne l’indique, et pour cause, ce n’en est pas un. Cela posé, je dois dire que je connais très peu le roman noir et ne suis pas très fan du « gangstérisme ». Et pourtant, j’ai passé un très bon moment de lecture, surtout grâce à l’humour incisif qui transparait à quasiment chaque page.

Il faut s’habituer à l’écriture assez particulière, qui semble plutôt suivre un phrasé « parlé » mais d’un langage auquel je suis peu habituée. Est-ce le Sud ? Ou l’époque ? Peu importe, cela donne un rythme qu’il faut apprivoiser. Mais une fois cela fait, les événements s’enchaînent sans temps mort et je ne me suis pas ennuyée. Les personnages sont tous assez singuliers, toujours dans une perspective à la fois cynique et décalée. Ils réagissent à tout avec calme, presque indifférence, s’ils n’éprouvent pas un certain plaisir malsain aux massacres parsemés sur leur route. C'est ce décalage entre horreur et flegme qui rend certaines situations irrésistiblement drôles alors même que ce qui s’y déroule ne l’est pas du tout. L’auteur prend également les lecteurs à contrepied soit en inversant certains stéréotypes (le malfrat écoute de la musique classique, lit du Victor Hugo et aime boire du vin de qualité), soit en jouant avec, en exagérant certains à outrance.


J’avais découvert cet auteur avec « lésions irréparables » de la collection Gore. Le style est ici très différent, de même que l’histoire. Mais il y incontestablement quelque chose de l’intelligence et du cynisme de l’auteur qui transparaît, sans oublier la brutalité de certaines scènes et la violence tout de même omniprésente. L’histoire m’a moins parlée, mais j’ai passé un agréable moment de lecture.




vendredi 15 avril 2016

Les dossiers Dresden : avis de tempête de Jim Butcher

Avis de tempête

Edition : milady (2010)
379 pages

RésuméHarry Dresden est le meilleur. Techniquement, c'est même le seul dans sa " catégorie " : c'est un magicien, un vrai. Aussi, lorsque la police de Chicago se trouve devant un cas qui dépasse ses compétences, c'est vers lui qu'elle se tourne. Car notre monde de tous les jours regorge en fait de choses étranges et magiques - dont la plupart ne s'entendent pas très bien avec les humains. C'est là qu'Harry entre en scène...

ExtraitC’était pire qu’un meurtre : une perversion ignoble, comme si un dingue avait utilisé un Botticelli pour tabasser son voisin à mort. Comme si on avait transformé une chose merveilleuse en arme de destruction massive. 



Chronique


Cela faisait longtemps que je projetais cette lecture, et avec tous les avis positifs lus à son égard, je m’attendais à être éblouie. Je m’imaginais face à un nouveau Kate Daniels : un urban fantasy acclamé, tenant hautement ses promesses. Force est de constater que Dresden ne m’a pas donné la même impression. J’ai été déçue, et ce pour plusieurs raisons, que je vais bien sûr tenter d’argumenter, car je sais que cette série à de nombreux fans que je ne voudrais pas froisser.

La première, qui est loin d’être la plus importante, c’est l’aspect très masculin. Je comprends mieux maintenant que les descriptions de beaux mâles musclés, irrésistibles, provoquant frissons et chaleurs incontrôlables aux demoiselles, puisse agacer les lecteurs hommes (à vrai dire, elles ont tendance à m’agacer moi aussi). Alors quand on se retrouve avec le pendant masculin : belles femmes plantureuses, lascives, qui titillent les hormones de notre personnage, eh bien… ça me tape carrément sur le système.

Du côté des arguments un peu plus sérieux, ce premier tome des aventures de Dresden correspond typiquement à un urban fantasy : petite enquête policière, quelques troubles de l’ordre plus personnel, des créatures magiques, de l’aventure, de l’humour, du flirt… alors puisque j’apprécie ce genre à la base, je devrais en être satisfaite. Mais à force d’en lire, je me suis un peu lassée, et j’attends généralement de mes lectures quelque chose d’un peu plus percutant, voire surprenant si possible. Dans le cas présent, l’intrigue a eu du mal à m’intéresser puisque suit gentiment le sentier balisé, sans s’écarter des routes et plonger un peu dans l’inconnu. Certaines situations, les êtres surnaturels en grande majorité (le démon, la fée) et quelques personnages (Suzanne, le magicien de la Blanche Confrérie, les mafieux) m’ont paru assez caricaturaux. C’est sûrement fait exprès, mais ça ne m’a pas emballée. Le fait que j’ai eu du mal à m’attacher à Harry Dresden n’a pas aidé à me faire embarquer. Mais vers le milieu du livre, j’ai commencé à ressentir de la sympathie pour lui (le fait de connaître un peu plus son passé en est en partie responsable, même si je trouve que son personnage manque toujours d’approfondissement). Et l’histoire a fini par me captiver. J’ai aussi apprécié le personnage de Murphy. Donc je n’ai pas passé une mauvaise lecture, la deuxième partie du livre était même plutôt agréable, mais je n’en garde pas non plus un souvenir impérissable.

Une bonne partie de la responsabilité de mon manque d’enthousiasme provient également du contexte de ma lecture, que je ne peux dissocier malheureusement du livre en lui-même. En effet, je l’ai écouté en audio (pour cause de long trajet en voiture), et je ne pense pas retenter l’expérience un jour. La voix donnée à Harry, bien qu’un peu trop grave, avec un ton généralement trop sérieux à mon goût, pouvait passer la plupart du temps. Mais lorsque des personnages féminins étaient supposés parler, le lecteur prenait une voix aiguë assez insupportable qui rendait très difficile de s’imaginer ces personnages, et encore moins de leur donner du sérieux. Surtout lorsqu’ils étaient supposés posséder une voix suave, et que le résultat était plus proche de la sorcière dans blanche neige.

Sans avoir détesté, je n’ai pas été convaincue par Harry Dresden, et ne vais donc pas poursuivre avec cette série. Je l’aurais probablement trouvée plus sympathique si je l’avais lue sans connaître l’urban fantasy, et si j’avais évité l’audio. Mais même sans voix insupportable, l’intrigue reste très classique, et je ne garderai pas un souvenir mémorable de ce premier tome.


vendredi 8 avril 2016

Birdman de Mo Hayder

Birdman


Edition : Pocket (2012)
442 pages

Résumé : Dans un terrain vague de la banlieue de Londres, une pelleteuse met au jour cinq cadavres de femmes atrocement mutilées. Un seul lien unit tous ces corps tailladés puis recousus : un oiseau a été enfermé vivant à l'intérieur de chaque cage thoracique. C'est avec ces meurtres en série que l'inspecteur Jack Caffery inaugure son nouveau poste au Service régional des enquêtes sensibles. Entre l'hostilité de certains de ses collègues, sa vie conjugale étouffante et la tension grandissante entre lui et un voisin qu'il soupçonne d'être responsable de la disparition de son propre frère, Caffery est mis à rude épreuve.




Chronique


Après l’énorme coup de cœur pour Tokyo, j’avais hâte de découvrir un autre livre de Mo Hayder. Alors, autant commencer dans l’ordre ! Je me suis donc attaquée à son tout premier livre, premier également de la série mettant en scène Jack Caffery.


Une des grandes forces de Tokyo, c’était l’originalité de son intrigue : je n’avais jamais lu un thriller comparable. Birdman est un peu plus classique : un serial killer, un inspecteur à ses trousses, et l’enquête autour de cette chasse au monstre. Mais si on passe outre ce « défaut », j’y ai retrouvé ce petit quelque chose, cette petite particularité qui m’avait tant plu dans Tokyo. Est-ce le style efficace de l’auteure ? Les personnages torturés (Jack Caffery principalement, les autres demeurant un peu en retrait) à la psychologie élaborée ? Ou le sens des détails qui montre que le sujet est bien maîtrisé (dans la hiérarchie de la police, les procédures, les analyses, on sent que Mo Hayder a fait des recherches approfondies) ? Un mélange de tout ça, assurément.



Mo Hayder agrippe la structure du polar, et ses clichés, et les tord pour faire sa propre mixture. Ainsi, là où on pense connaître le déroulement de la suite, car la situation nous semble bien familière, on peut être surpris, car le récit prend alors une autre direction, ou un événement improbable surgit. Je ne vais pas trop en dire, même si j’ai envie de disséquer plus amplement ce roman.

Dernier point, Mo Hayder n’a pas peur de poser un peu les tripes sur la table, que ce soit dans la violence gore ou dans celle plus insidieuse : les sujets abordés sont malsains, et l’auteure nous y entraîne sans hésitation. Un autre point fort du récit à mon goût.

Donc au final, c’est un polar – avec ses codes et son classicisme – mais aussi un petit peu plus. Ce petit plus à la Mo Hayder qui rend le roman plus épicé, plus savoureux. Je ne manquerai pas de lire d’autres livres de cette auteure !