mercredi 20 janvier 2016

Stéphane de Vincent Villeminot


Stéphane

Edition : Nathan (2015)
383 pages

RésuméCela fait 10 jours que le virus U4 accomplit ses ravages. Plus de 90% de la population mondiale est décimée. les seuls survivants sont des adolescents. L’électricité et l’eau potable commencent à manquer, tous les réseaux de communication s’éteignent. Dans ce monde dévasté, Koridwen, Yannis, Jules et Stéphane se rendent, sans se connaître, à un même rendez-vous. Parviendront-ils à survivre, et pourront-ils changer le cours des choses ? 

Stéphane est la fille d'un célèbre épidémiologiste lyonnais. Convaincue qu'il a survécu à l'épidémie, elle ne veut pas rejoindre le groupe d'adolescents qui s'organisent pour survivre. Si son père ne revient pas ou si les pillards qui contrôlent le quartier arrivent avant lui, son dernier espoir résidera dans un rendez-vous fixé à Paris.

Chronique


J'étais très curieuse à l'idée de découvrir ce nouveau phénomène, et je n'ai pas été déçue !


Vincent Villeminot a créé un univers très cohérent et réaliste, donc dur et sans concession. Mais la grande qualité du livre tient surtout à ses personnages nuancés, très humains, surtout celui de Stéphane, que j'ai adoré.


Bien entendu, au niveau de l'intrigue, il ne faut pas s'attendre à de l'originalité. Mais quand c'est bien fait, il n'y a pas toujours besoin de renouveler le genre pour trouver satisfaction à sa lecture. Or là, les explications scientifiques qui jalonnent le livre, ainsi que les réactions, l'évolution des personnages et des survivants en général (avec la tentative d'instaurer de la stabilité par la force et la domination) m'ont parues tout à fait crédibles. L'écriture nerveuse, concise crée un rythme, alors même que l'auteur parvient à instaurer une ambiance lourde, sombre.


Il s'agit plus d'un récit initiatique, dans lequel on suit l'évolution des personnages, on les voit se débattre dans leurs espoirs, leurs peurs, leurs difficultés, leurs fantômes personnels, cherchant parfois à alléger leur fardeau en le partageant avec d'autres, trop alourdis par le leur pour pouvoir le supporter. Certains sujets sur la société, très d'actualité, sont aussi traités avec beaucoup de justesse : l'acceptation de l'autre (avec les réfugiés notamment), la peur de l'autre, la liberté individuelle etc.


J'ai adoré le personnage de Stéphane : on découvre une jeune femme indépendante, solitaire, trop opiniâtre pour se tourner vers les autres, mais surtout trop effrayée d'exposer sa vulnérabilité. On découvre aussi une petite fille qui s'accroche à l'espoir de rejoindre sa famille, qui espère et attend que son père vienne tout arranger, alors même qu'il l'a abandonnée. Sa grande difficulté à faire confiance aux autres sera à la fois sa force et sa faiblesse, la mettant en danger parfois, l'isolant, mais lui servant aussi à se protéger et à protéger ceux qui ont réussi à la gagner. Stéphane est toujours en lutte, en colère, mais elle trouvera en Alex et Yannis des personnes capables de la comprendre. Elle est également toujours prête à agir, à prendre les choses en main, voir à se les salir.


(Attention spoilers) Le personnage d'Alex est aussi un magnifique portrait, sa plongée dans la folie est très touchante à suivre. Il se débat avec sa culpabilité, son désir de bien-faire poussé à l'extrême, l'entraînant toujours plus bas. C'est aussi un personnage en lutte constante avec lui-même et les autres.
L'amitié entre Yannis et Stéphane m'a parue un peu étrange, surtout son attirance envers lui : ces deux personnages me semblent presque à l'opposé, vraiment différents. Son attitude pacifique, voire apaisante, m'a souvent agacée. Mais j'imagine qu'elle permettait l'apaisement de ce feu qui couvait en Stéphane. Alex lui était bien plus semblable, mais il lui fallait peut-être justement quelqu'un de différent. D'ailleurs, son attitude à la fin, au sauvetage de Stéphane, m'a beaucoup plue. J'ai hâte de lire son point de vue sur l'histoire. (Fin spoilers)



Koridwen et Jules m'ont moins emballée : j'ai trouvé la première trop froide et le second un peu trop gentil. Mais je leur laisserais probablement leur chance.


Je remercie Babelio et les éditions Nathan pour la découverte de ce livre, que j'ai trouvé humain, crédible, et qui a su me toucher par ses personnages très vivants.


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