vendredi 22 janvier 2016

MurderProd de Christian Vilà


MurderProd

Edition : Trash (2013)
150 pages

RésuméSang à la une, meurtres à vocation publicitaire, viols à but lucratif, reportages ignobles, fictions où les acteurs souffrent et succombent réellement: la société du spectacle dans ce qu'elle a de plus infect. Silence, on tue.

ExtraitLe milicien décapite la femme violée à coups de machette, soulève son corps qu'agitent les derniers spasmes et le superpose à celui de Breuil, qu'il force à la pénétrer. Horrifié, le visage inondé de sang, David sent son érection durcir au contact des muqueuses souillées. L'autre braque sur lui sa propre caméra. - Tu vois, charognard de journaliste, tu es encore pire que nous...

Chronique

C'est vraiment difficile d'écrire un commentaire à propos de ce livre… tout comme sa lecture a parfois (souvent) été éprouvante. C'est un livre court, mais je n'ai pas pu le lire d'une traite. Ni même en deux. Ou trois. Il m'a fallu poser ce roman, pour le reprendre par la suite, à plusieurs reprises.
Le livre tourne beaucoup autour de l'aspect "snuff movie" (je m'attendais d'ailleurs à voir un peu plus David et ses reportages, mais vers la fin, on le retrouve dans toute son abjection). le sujet m'a rappelé vaguement La promesse des ténèbres de Maxime Chattam (sur un journaliste qui plonge dans le porno underground à tendance snuff) qui m'avait marquée (enfin surtout une scène : celle de pénétration dans une plaie ; qu'on retrouve aussi dans Murderprod). Mais la comparaison s'arrête là, parce que si le livre de Chattam était glauque, Murderprod est bien plus que cela… il est écoeurant. Il dégoute, par ses descriptions très visuelles, ses perversions, dépravations des plus sordides, mais ça va plus loin encore. Murderprod dépeint un portrait très noir du monde. Car dans ce roman, la violence n'est pas individuelle, personnelle, ne semble pas limitée à quelques individus, mais au contraire semble tout envahir, tout avilir. Elle salit, gangrène tout. J'en ressors, non pas avec un dégoût pour certaines scènes, mais un dégoût général. Il n'y a pas d'espoir, ni vraiment de pause dans l'horreur.

Le rapport à l'image est très présent (avec la pornographie, la presse), tout comme dans notre société, et ça déshumanise, rend cette violence et ce récit encore plus froids, glaçants. le seul vrai "rapport" semble être celui qui lie Sushi et Noé, mais même là l'espoir ne nous est jamais vraiment laissé.
Les personnages eux aussi sont gris très foncés, il n'y a pas vraiment d'innocent, ou de héros.
L'aspect sexuel était un peu trop présent à mon goût, à un moment. J'avais arrêté ma lecture vers la fin du tournage du "film". Mais après la reprise, j'ai lu le reste d'une traite. Et j'ai trouvé la fin parfaite. J'ai adoré.

Les éléments s'assemblent comme un puzzle et on comprend pourquoi le roman est structuré de cette façon. Bien sûr, la fin enfonce le clou dans le cynisme et la noirceur.


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